Wallada composta pour un environnement sain et durable

« L’économie circulaire permet de limiter notre impact sur l’environnement. A l’inverse de l’économie linéaire, elle réduit le gaspillage des ressources et la production des déchets. L’économie circulaire permet en effet de valoriser un produit en fin de vie pour démarrer un nouveau cycle économique. De cette façon, les déchets redeviennent des ressources primaires ».

C’est l’entrée en matière de Ferdaous Yousfi, fondatrice du SMSA Wallada Composta, pour une formation en agribusiness et valorisation des déchets destinée aux jeunes diplômés adhérents de son association « Voix des jeunes de Béja ».

Passionnée par l’entrepreneuriat, l’écologie et l’économie sociale et solidaire, Ferdaous a plusieurs cordes à son arc. Elle est Ingénieure agricole, coach accompagnatrice APIA, elle est aussi chargée de projet et secrétaire Générale au sein de cette association où elle milite depuis 6 ans en faveur d’un environnement sain et durable au sein de sa région.

« Un fois diplômée Ingénieure d’Etat en production animalière en 2018, je n’ai pas tenu longtemps derrière un bureau comme agent commercial, ou chargée d’étude d’un bureau de consulting, le salaire était dérisoire et l’apprentissage en dessous de mes attentes. Je me suis vite jetée dans l’action sociale en faveur de la préservation de l’environnement côtoyant les partenaires sociaux dans la région, communes et municipalités et les ONG, et m’impliquant et apprenant davantage à leurs côtés, d’un projet à l’autre ».

« L’histoire de Wallada Composta est très récente, elle a commencé par l’appel à candidature au projet « Ghodwa Jeunesse & Environnement » financé par L’Institut français de Tunisie en juin 2021, par la présentation du projet Vaga Bio Expert. Sa réalisation a été tout aussi rapide grâce à notre rencontre et à l’appui sans limite du projet Mashrou3i un mois plus tard ».

« Dans les pays à faible revenu, poursuit Ferdaous, plus de 90% des déchets sont mal gérés. Environ 1/3 des déchets sont brulés ou déversés dans les décharges. Cette situation aggrave les émissions de gaz à effet de serre et les risques de catastrophes, avec des effets proportionnellement plus élevés parmi les populations pauvres. »

Dans la région de Béja 512 millions de tonnes de déchets animaliers sont annuellement brûlées ou jetées dans les décharges publiques ou les cours d’eau par les communes ou les municipalités. C’est pour venir à bout de cette problématique qu’est née Wallada Composta. La création du SMSA outre la collecte et la valorisation des déchets animaliers en engrais naturels devait notamment assurer la durabilité du projet, employer des compétences et surtout servir la région par la création d’emploi et la résolution d’un problème environnemental.

« Sans l’intervention de Mashrou3i, on prenait résolument le mauvais chemin. En juillet dernier, nous n’avions aucune idée de ce que représentait un SMSA sur le plan juridique, organisationnel ou même fonctionnel. Nous avons développé une vision grâce à la formation et l’appui de Mashrou3i, élaboré autour de cette vision un Business model social cohérent et travaillé à une gestion financière adaptée à nos besoins et conditions. Nous avons lancé notre SMSA en janvier 2022, avec le soutien de Mashrou3i, et portée par une équipe entièrement constituée de compétences : trois ingénieurs, une diplômée SVT, deux agriculteurs tous associés dans le projet et membres actifs de l’association. Les experts de Mashrou3i nous ont aidé également à innover sur la présentation du projet et des produits à travers la conception du logo « Wallada Composta », des étiquettes et des emballages ».

Pour assurer son approvisionnement en déchets animaliers, l’équipe de Vaga Bio Expert a d’ores et déjà engagé des partenariats avec la municipalité de Maagoula et les coopératives de Béja qui sont en mesure de leur fournir sur site les fumiers sains et exempts de tous produits nocifs qui seront travaillés sur place en contrepartie des 2/3 de la production. Quant au troisième partenaire, l’usine de sucre de Béja, il lui fournira « les légumes de sucre », les résidus et déchets de son activité qui seront acheminés pour être travaillés sur le site du SMSA.

« Nous sommes un projet pilote dans le nord-ouest et dans un mois nous serons en mesure de satisfaire les demandes des agriculteurs de la région en fertilisant naturels et 100% bio pour les cultures maraîchères, l’arboriculture, l’horticulture et les pépinières. Nous travaillons d’ores déjà sur la sensibilisation des municipalités et des agriculteurs et constatons un véritable attrait pour les engrais naturels partout en Tunisie.  Notre projet pour l’avenir c’est de créer notre propre pépinière et de poursuivre notre combat pour la protection de l’environnement et la préservation de la région pour les générations futures… ».