Success story : Jalel construit un empire des détergents dans le sud de la Tunisie

Sur l’axe routier principal entre Houmet Essouk et Midoun à Djerba se dresse AMEN Détergents, une des plus grandes unités de fabrication et de commercialisation de produits d’entretien dans tout le sud tunisien. Jalel Moussa, son fondateur et gérant, supervise la dernière livraison sortant de l’usine pour l’un des hôtels de Djerba. Dans le point de vente adjacent, une file de clients particuliers vient se servir en libre-service ; divers produits sont mis à leur disposition avant leur passage à la caisse.

« Une bonne vision, une stratégie solide et le sens du partage » sont les 3 clefs de mon succès. » Véritable « self-made man », Jalel revient sur son parcours durant les 9 dernières années qui l’ont mené à créer une entreprise qui aujourd’hui s’exporte de Djerba à la Libye. Les affaires sont tellement florissantes qu’il se voit très bientôt faire de AMEN un grand groupe industriel.

« J’ai dû quitter les bancs de la faculté à 20 ans à peine pour des raisons familiales. C’est dans le domaine de l’hôtellerie précisément dans l’alimentation que je fais mes preuves pendant 10 ans », raconte Jalel. « D’abord dans un hôtel de la région et ensuite auprès d’un grand groupe français. J’en sors plus mûr et responsable, avec un grand potentiel en matière de gestion et de contrôle dans la restauration, un capital de connaissances et une très bonne image dans la région. »

En 2010, la rencontre avec son premier associé scelle une amitié, et le premier saut dans le domaine de l’entrepreneuriat avec le lancement de la Société Amen pour le commerce de produits d’entretien. Ils profitent de la période de la Révolution pour lancer l’export de ses produits vers la Libye. L’aventure leur réussit, deux années plus tard ils ouvrent ensemble leur première usine de fabrication. Elle fait travailler aujourd’hui 35 personnes dont 5 saisonniers.

L’aventure de l’entrepreneuriat ne fait que commencer : en 2016, il fonde avec des associés sénégalais et tunisiens « Amin » pour la commercialisation et la fabrication de produits d’entretien au Sénégal. Au point qu’il commence sérieusement à réfléchir à la création d’une nouvelle structure pour fabriquer l’hypochlorite de sodium, matière première de ses produits d’entretien.

En novembre 2017, il découvre lors d’un séminaire à Douz sur les richesses de la région mise en place par l’APII, le projet Mashrou3i organisé par l’ONUDI et financé par USAID, la Coopération Italienne et HP Foundation. « Grâce à cette rencontre et à la formation Mashrou3i en environnement, le lancement d’un point de vente m’a été évident, avec un concept unique en Tunisie : le libre-service. Ce concept a été dupliqué partout dans le sud avec l’ouverture de 50 boutiques exclusivement dédiées à la vente des produits Amen. »

« Nous avons également reçu la visite des experts de l’USAID et de l’ONUDI qui nous ont aidé à solutionner nos trois problèmes majeurs et nous permettra ainsi d’agrandir la structure : la certification, le recyclage des contenants et l’approvisionnement en matières premières. »

Le souci majeur d’Amen aujourd’hui est de maintenir la qualité à un prix concurrentiel. Avec une production de 50 tonnes par mois, Jalel sera à même d’alimenter régulièrement ses revendeurs mais aussi le commerce de détail et les particuliers dans tout le sud tunisien. « La création de « Tunisie Chimie » quant à elle, nous permettra d’approvisionner tout le sud tunisien en hypochlorite de sodium, et satisfaire les besoins des industriels et limiter les importations de ce produit de base. Nous travaillons actuellement avec les experts Mashrou3i sur l’étude d’impact et l’accès au financement pour un tour de table de 5 millions de dinars. »

De self-made man, Jalel Moussa est devenu l’homme des challenges. Conforté par l’appui de Mashrou3i, il aborde ambitieusement la nouvelle année avec deux nouveaux projets : l’extension d’Amen qui prévoit une chaîne pour la fabrication des emballages, et l’installation d’une usine clef en main pour les produits d’entretien au Mali. Tout compte fait l’homme du partage est devenu l’homme de toutes les situations, avec un seul objectif : la réussite.