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Des fleurs dans l’assiette, la success story florissante d’une journaliste reconvertie
A l’orée d’une carrière professionnelle accomplie de 15 ans dans le journalisme, Sonia Ibidhi est une agripreneure en herbe à contre-courant. En avril 2018, elle lance la première plantation agricole de fleurs comestible en Tunisie. Elle nous raconte son histoire dans un témoignage captivant.
Il y a encore quelques mois Sonia Ibidhi était destinée à une longue carrière dans les médias. Journaliste de profession, Sonia a évolué au sein de différentes institutions. D’abord au sein de la radio régionale du Kef, puis à la radio nationale, elle devient très vite correspondante auprès de la presse étrangère et tient même les rênes de la direction du bureau de presse pour le tourisme auprès des pays du Moyen-Orient. C’est lors de cette dernière mission qu’elle réalise le potentiel derrière le marché de l’agriculture de fleurs comestibles.
« Travailler dans le domaine de la presse écrite te pousse au quotidien à faire des recherches sur des sujets d’articles potentiels, les innovations, les nouvelles tendances. C’est ainsi que j’ai découvert l’usage des fleurs dans la gastronomie et son succès auprès des restaurateurs en Europe et en France particulièrement. »
Suivant le plein essor de cette filière agricole, elle décide de suivre la tendance et devient en 2018 la première entrepreneure autodidacte en Tunisie à cultiver des fleurs à usage gastronomique. Soutenue par la direction générale des Forêts de Jendouba, ainsi que les institutions agricoles régionales, Sonia se lance dans l’aménagement de ses terres et démarre la plantation et la récolte des premières variétés de fleurs durant l’été 2018.
Dénuée de toutes connaissances dans la création et la gestion de projets entrepreneuriaux, Sonia aura reçu au préalable l’accompagnement du programme de l’USAID Mashrou3i lors des toutes premières étapes de sa création de projet.
« J’ai découvert Mashrou3i à travers le Centre d’affaires de Jendouba en 2017. J’ai d’abord réalisé la formation en ligne HP LIFE pour entrepreneurs, puis j’ai été suivie et accompagnée par les experts du projet tout au long de la création de mon entreprise. »
Le projet Mashrou3i prend en charge le dépôt de sa marque auprès de l’INNORPI, ainsi que les procédures de certifications biologiques puis la fait profiter de l’expertise d’un coach.
« Mashrou3i m’a également permis de bénéficier d’un coach spécialisé dans l’agroalimentaire qui me suit jusqu’aujourd’hui. Ce suivi est essentiel pour moi pour comprendre tous les rouages du métier d’agricultrice, d’autant plus que je ne suis pas du domaine. »
Propriétaire de 5 hectares aux portes de Tabarka, Sonia cultive aujourd’hui de nombreuses variétés de plantes aromatiques et de fleurs dont les fraises, également utilisées pour leurs fruits et leurs feuilles, la lavande, les bourraches, les pensées, et les capucines.
« La capucine est appelée la « Reine des fleurs comestibles ». C’est l’une de mes principales cultures. Outre son utilisation dans la gastronomie et la décoration des plats, la capucine est également prisée pour ses vertus anti-inflammatoires. »
Avec l’obtention de la certification biologique, elle prépare son entrée sur le marché européen et se dit confiante pour son futur et celui de sa région.
« Les régions du nord de la Tunisie ont tellement de potentiel, et surtout dans le secteur agricole. Les terres du nord peuvent abriter tous types de cultures, même celles que l’on n’imaginerait pas, comme le thé. C’est la source d’un horizon d’opportunités pour les jeunes qui souhaitent se lancer dans l’agripreneuriat. »
Aujourd’hui, ses principaux ennemis sont les sangliers et les oiseaux friands de ses cultures. Mais qu’à cela ne tienne, Sonia ne s’en soucie guère. L’essentiel pour elle, est de devenir la garante du festival des couleurs dans nos assiettes pour les années à venir.